Je m’appelais Zola, du nom de la rue où je vivais. J’étais une chatte sans maison attitrée, sans attache particulière avec les humains, une chatte errante comme il se dit, une chatte libre. Je mangeais ce qu’on voulait bien me donner, et je menais ma vie tranquillement.

Il y a peu de temps, je suis devenue maman. Mon appétit grandissait, il fallait que je me nourrisse mieux pour allaiter mes petits. J’ai senti une odeur alléchante de poisson qui m’a fait me diriger vers un jardin. Il y avait une curieuse boîte au milieu et l’odeur semblait en sortir. Je m’en suis approchée tout doucement, j’avais faim et cette odeur était pleine de promesses … Alors je suis entrée dans la boîte. Et quand j’ai commencé à me régaler des bonnes choses qui y avaient été déposées, j’ai entendu un bruit sec, un claquement. Je me suis retournée, une porte s’était fermée et je me suis retrouvée prise au piège dans la boîte.

C’est alors que j’ai entendu des humains. Ils ont soulevé la boîte où j’étais enfermée. J’avais peur, mon coeur battait la chamade, je sentais intuitivement le danger qui me guettait. Puis, sans rien comprendre, j’ai senti la froideur de l’eau, qui remplissait la boîte. Puis submergée par cette eau, je me suis mise à suffoquer, je me suis débattue, en vain, puisque j’étais prisonnière …

Puis le néant, plus rien. Plus d’odeur, plus de vue, plus de sensations, juste la vue de mon corps trempé gisant au fond de la boîte. Ces humains m’ont sortie du piège, ils m’ont mise dans un sac poubelle et déposée au fond de leur jardin derrière leur bac à compost.

Plus tard, j’ai vu d’autres humains. Ceux-là avaient l’air triste et non triomphant comme les deux autres. Délicatement, ils m’ont sortie du sac poubelle, ils ne voulaient pas m’emmener comme on enlève un sac d’ordures.

Je m’appelais Zola, et je ne vivrais plus dans la rue qui porte mon nom.

J’ai rejoint mes congénères qui ont subi le triste sort de la boîte qui se referme à tout jamais. Je sais maintenant pourquoi je devais aller dans cette boîte, je sais pourquoi je devais y mourir. Je suis en paix car grâce à vous, humains, qui nous aimez et nous respectez, plus aucun chat ne subira la folie meurtrière de ces deux êtres, plus aucun chat n’aura à craindre de passer dans ce jardin de la mort, les chats de la rue Zola ne seront plus menacés.

Je suis en paix mes amis
Zola

Share This