Mauvais pressentiment ce matin au réveil : contrairement à d’habitude, seul Catbury était sur mon lit, pas de Nutella, de Lagoon, de Brisbie ni de Simbad.J’ai de suite pensé que Simbad, 16 ans le 20 avril prochain et en fin de vie, était mort dans la nuit.
Je me lève, je fais le tour des pièces et trouve rapidement Simbad, égal à lui-même, regroupé avec 3-4 autres chats dans un coin du séjour. Pas habituel non plus …
Je sais que quelque chose ne va pas, Lagoon vient se frotter à mes jambes en miaulant, la seule à être trempée de pluie. Toujours pas habituel.
J’appelle tout le monde en distribuant les croquettes et je réalise que Rox n’est pas là. Pas habituel non plus …
Lagoon jouait beaucoup avec Rox quand il était bébé.
Par acquit de conscience, je mets bottes et parka et je fais le tour du jardin en l’appelant, puis je sors sur le trottoir devant la maison pour vérifier que je ne le vois pas écrasé sur la route.
Je regarde le plus loin possible en avançant vers la droite puis fais de même en revenant vers le portail, tout en pensant « un chat roux, s’il était allongé sur la route, je le verrais, même de loin! »
Et machinalement mon regard revient vers le trottoir devant la maison et là je le vois, ce petit corps roux tigré, allongé au pied de l’arbre, côté route, juste devant la maison.
La stupeur m’empêche d’abord d’approcher, ce n’est pas possible, ce n’est pas lui !
A chaque fois qu’un chat manque à l’appel et que je vais regarder sur la route vérifier qu’il n’y a pas de chat écrasé, il n’y en a JAMAIS ! Alors non, pas cette fois, pas lui, pas Rox !
Il est allongé sur le côté droit, il semble intact, à part un peu de sang dans la gueule et sur le museau. J’ai l’impression qu’une éternité s’écoule avant que j’ose le toucher et le soulever, les larmes me font hoqueter. Le côté droit de sa tête est aplatie, l’oeil et l’oreille en sang. Son pauvre petit corps est raide, trempé de pluie Mes larmes redoublent, je le soulève et le prends dans mes bras pour le ramener à la maison. Le sang encore humide dans son oreille droite m’empêche de lire le tatouage.
Alors je le porte dans la salle de bain et l’allonge dans la baignoire.
C’était son rituel du matin : quand j’allais enlever mon pyjama, il se précipitait dans la baignoire, se roulant dans tous les sens car il adorait les « câlins-bidou » !
Mais ce matin, je l’ai lavé doucement à l’eau tiède, son pauvre petit corps restant raide sous mes caresses. Je ressentais ce besoin de le laver de ce sang et des saletés de dehors. Puis Je l’ai posé sur un drap de bain pour le sécher en le frottant doucement, espérant malgré tout l’entendre gémir ou le sentir respirer.
Je l’ai longuement caressé, tenu serré contre moi et embrassé tendrement. Puis je l’ai enroulé dans une grande serviette moelleuse, et j’ai appelé un bénévole pour qu’il m’emmène chez le véto le faire incinérer.
Merci Claude de m’avoir accompagnée.
Rox était un jeune chat joueur, câlin, il venait d’avoir 10 mois, âge critique pour les accidents de la route.
Il avait un poil court mais dense, si doux à caresser. C’était un beau chat roux, au menton blanc et aux beaux yeux ambres qui avaient toujours l’air un peu inquiets.
Mon chagrin est immense, tout comme l’amour que j’avais pour toi, mon Roxinou. Ma soeur voulait t’adopter et elle devait t’accueillir dans un mois. C’est d’autant plus triste …
Adieu mon chatounet, tu vas tellement me manquer.
Nutella, mon tripatoune, est collé contre moi pendant que j’écris, il sent que j’ai besoin de réconfort.
Isabelle